Titre du projet de thèse : Les coopératives d’habitation pour femmes au Canada : une option féministe pour le logement.
La crise du logement ne touche pas tout le monde de manière égale. Les femmes en sont les premières victimes en raison d’une plus grande précarité économique et d’une surreprésentation parmi les locataires (David et coll., 2023). Comment concevoir l’aménagement du logement en fonction des besoins réels des femmes ? Dans ce contexte de crise du logement qui exacerbe les inégalités sociales, ma thèse de doctorat s’intéresse aux coopératives d’habitation pour femmes comme formes collectives de résistance contre les inégalités structurelles du logement au Canada. Autogérées par les résidentes, ces coopératives constituent des terrains d’expérimentation spatiale et sociale où se réinventent des manières d’habiter autrement (Hayden, 1980 ; Scaioli, 2024 ; Türeli, 2022 ; Wekerle, 1981, 1985, 1993).
J’analyse les typologies architecturales, les logiques d’organisation spatiale et l’usage des espaces partagés (cuisines collectives, salles communes, cours intérieures). Je veux comprendre comment ces environnements soutiennent (ou entravent) l’autonomie, la solidarité et le sentiment de sécurité. Ma démarche est féministe, intersectionnelle et participative. Grâce à une méthodologie qualitative combinant observation, entrevues, analyses spatiales et Photovoix, je collecte les récits des résidentes. L’objectif est de documenter les pratiques d’habiter, les tensions internes et les formes de gouvernance qui émergent dans ces milieux. Cette recherche vise à coconstruire, en collaboration avec les personnes concernées, des solutions pratiques pour réinventer le logement, en adéquation avec les principes de justice spatiale, d’équité et d’autonomisation. En mettant en lumière les rapports de pouvoir inscrits dans l’espace bâti, elle contribue aux débats actuels sur le logement et l’aménagement urbain. Elle affirme également la nécessité de concevoir des environnements pensés à partir des marges. En plaçant les femmes au centre de mes réflexions sur l’espace, je propose de considérer le logement comme un outil d’émancipation, de résistance et de réappropriation de l’espace urbain.
Raquel Fernandez
Chargée de cours et candidate au doctorat interdisciplinaire en aménagement à l’Université de Montréal, Raquel s’intéresse aux habitations collectives comme espaces de résistance architecturale. Ses travaux, ancrés dans les théories féministes et queers, explorent l’intégration de principes pluralistes et intersectionnels dans l’aménagement de l’environnement bâti.