LE LOGEMENT POUR LA JUSTICE SPATIALE : DES COOPÉRATIVES POUR FEMMES À MONTRÉAL

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Tournesoleil Housing Cooperative, 1979, Montreal. Drawing by Mathilde Chauvin-Amyot.

Montréal compte des centaines de coopératives d’habitation. Plusieurs d’entre elles ont été fondées par des femmes militantes et professionnelles de la classe moyenne afin de rendre autonomes les femmes à faible revenu. Cette recherche étudie la manière dont les conceptions physiques (architecturales) des coopératives de logement féministes ont cherché à autonomiser les femmes et comment les aspects de leur conception ont été reçus par les résidents.

Les coopératives de logements féministes s’inscrivent dans la longue histoire des actions et des mouvements des femmes pour améliorer les villes en Amérique du Nord pour les femmes au XXIe siècle, depuis les féministes matérialistes, le settlement movement ainsi que le combat pour le droit de vote, au féminisme de la deuxième vague qui a conduit à des perspectives concurrentes et complémentaires sur les femmes, et plus particulièrement sur la façon dont elles vivent et utilisent l’environnement bâti et sur la façon dont leur expérience peut être améliorée. Un courant préconisait notamment l’intégration d’espaces et d’institutions jusqu’alors réservés aux hommes, et la création parallèle d’espaces réservés aux femmes, tels que les bibliothèques pour femmes, les logements pour femmes et les refuges pour femmes (Espagne, 2016). Les coopératives de logement féministes s’inscrivent dans ce dernier schéma.

Cette recherche examine plusieurs projets de logement pour femmes, créés à Montréal et gérés par des coopératives. Les militantes féministes du logement ont reconnu que les femmes, et en particulier les familles monoparentales dirigées par des femmes, étaient désavantagées tant sur le marché du travail que dans l’accès à un logement abordable (Wekerle, 1980). Les projets de logement coopératif ont contribué à la revitalisation des quartiers du centre-ville en améliorant le parc immobilier et les réseaux communautaires existants sans provoquer de déplacements. Les féministes ont mis l’accent sur les espaces collectifs et les équipements partagés qui favoriseraient la diversité, mais, comme le montre notre recherche, de telles ambitions n’ont pas atteint les objectifs du CMHSC ni ceux d’autres organismes de financement qui visaient à normaliser les unités et à faire face à la réalité de leurs maigres budgets. Même lorsqu’elles en ont eu les moyens et qu’elles en ont pris conscience, d’autres problèmes sont apparus concernant la participation et le maintien de l’ordre. En examinant comment ces importantes expériences ont réussi en utilisant l’histoire orale et l’analyse du paysage culturel, cette recherche contribue aux discussions actuelles sur l’activisme en matière de logement et les relations entre logement et genre.

Ipek Tureli et Virginie Lasalle
recherche subventionnée par Conseil de Recherche en Sciences Humaines du Canada , la Chaire de recherche du Canada en Architecture de la Justice Spatiale et la Fondation Canadienne pour l’innovation 2018-

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