L’ARCHITECTURE DES CAMPUS UNIVERSITAIRES : PEDAGOGIE ET IMAGINATION SPATIALE

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Robert College of Istanbul (today's Bogazici University) founded in 1863 is the earliest American-sponsored campus outside the United States. Source: US Library of Congress.

Bien que de nombreux historiens de l’architecture travaillent sur les campus, et bien que le campus soit un site verdoyant pour l’expérimentation architecturale des architectes, les campus ont attiré relativement peu d’attention dans la rédaction de l’histoire de l’architecture. Paul Turner affirme que le campus est « une tradition de planification américaine » : Il explique que « le campus résume les qualités physiques distinctives du collège américain » (Turner, p. 4). Bien qu’il ait pu être initialement destiné à la socialisation des hommes blancs américains, Stefan Muthesius montre comment la typologie est devenue transnationale dans le boom de la construction d’établissements d’enseignement d’après-guerre aux États-Unis, en Angleterre, au Canada, en Allemagne de l’Ouest et en France. Auparavant, des collèges étrangers ayant des racines missionnaires (Bogazici en Turquie, AUB au Liban, AUC en Égypte, Dōshisha University au Japon, EWHA en Corée, Ginling en Chine, etc.) ont traduit la typologie du campus dans des contextes non occidentaux dans le cadre des tentatives de leurs fondateurs d’influencer les populations locales, en d’autres termes, une forme de « soft power ». L’externalisation récente des marques des universités métropolitaines dans le Sud, dans les États du Golfe, à Singapour, en Chine, etc. a une fois de plus conduit à la création de nouveaux campus ainsi qu’à des débats animés sur les implications et l’impact de ces campus satellites sur leur université d’origine, qu’elle soit en Amérique du Nord ou en Europe.

Les espaces d’enseignement sont des exemples de l’« essaimage des institutions » de Foucault. L’éducation organisée n’a jamais eu pour but de « libérer » la société. Elle a toujours eu un but pragmatique, qu’il s’agisse de discipliner la société, d’inculquer une idéologie (par exemple la religion, les États-nations ou les programmes impérialistes) ou même de maintenir une distinction sociale, raciale et de classe. Aujourd’hui, les intérêts commerciaux semblent orienter la planification et la conception des institutions de la connaissance, du musée Guggenheim à Bilbao, en Espagne, aux nouveaux campus et musées américains dans les États du Golfe ou à Singapour (Yale) et en Chine (Liverpool). Quelles que soient leurs motivations initiales, les institutions contemporaines d’apprentissage transculturel ne peuvent jamais être de simples transplantations d’attitudes formelles étrangères, des véhicules d’une idéologie imposée, ou des « avant-postes d’empire ». Elles sont toujours également constituées par des changements induits localement et, à ce titre, agissent comme des agents culturels indépendants qui travaillent à l’échelle transnationale.

Quels types de modèles pédagogiques la conception des campus suggère-t-elle et promeut-elle ? Comment les campus fonctionnent-ils dans le cadre de réseaux plus vastes d’institutions de la connaissance ? Que savons-nous de la typologie des campus telle qu’elle a été traduite à l’échelle mondiale ? À l’heure de la mondialisation et de l’enseignement numérique à distance, les universités développent-elles des modèles spatiaux conscients d’eux-mêmes qui correspondent à leurs missions pédagogiques ? Quel est l’impact de la conception des campus sur l’architecture et les villes au-delà des limites physiques du campus ?

Cette recherche examine la relation entre la pédagogie et l’imagination spatiale dans les paysages des campus.

2 projets :

  • Spatializing the Missionary Encounter funded by the SSHRC 2013-2017.
  • Building Architectural Networks: American Missionary Schools in the Eastern Mediterranean funded by the FQRSC 2013-2018.

Ipek Tureli, Jean-Pierre Chupin et Carmella Cucuzzella
recherche subventionnée par le Conseil de Recherche en Sciences Humaines du Canada et le Fond Québecois de Recherche en Science Sociales 2013-2018

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