Aurélien Catros est architecte HMONP diplômé de l’École d’Architecture de Lyon.
Il travaille d’abord aux côtés d’architectes du patrimoine, en France, avant d’entreprendre une thèse de doctorat à l’Université de Montréal sous la direction de Jean-Pierre Chupin et Bechara Helal.
Titre du projet de thèse : « Transferts réciproques entre maquettes physiques et modèles numériques dans le projet d’architecture »
À l’instar de leurs homologues analogiques, les modélisations numériques contemporaines influencent l’appréciation des projets par les architectes tout au long du processus de conception. Ces objets théoriques singuliers suscitent nombre d’analyses critiques mais sont rarement théorisés conjointement aux maquettes analogiques bien que ces modèles soient régulièrement utilisés de concert. Sur le plan ontologique, ces productions sont dissemblables : que ce soit en termes de supports (de quoi le modèle est-il fait ?), d’objectifs (quel est le but du modèle ?) et de temporalités (est-ce un modèle statique ou dynamique ?). Les transferts réciproques entre les différents supports se diversifiant, les productions de part et d’autre de ces opérations admettent potentiellement de nouveaux usages et donc critères d’évaluation. Du point de vue théorique, il apparaît aujourd’hui indispensable d’interroger les facteurs mis en crise lors des transferts entre ces différents supports puisque ces critères participeront réciproquement à définir la qualité architecturale. Comment les modélisations numériques contribuent-elles à redéfinir les critères d’évaluation du projet d’architecture avec ou à l’encontre des maquettes analogiques ?
Cette recherche traite conjointement des modèles analogiques et numériques comme instruments de représentation et de simulation du projet d’architecture. Nous proposons de : 1) Compléter et actualiser les catégorisations existantes des modélisations en architecture pour situer ces productions au sein de la théorie générale des modèles, 2) Comparer les différents modèles numériques à leurs «équivalents» analogiques supposés d’après la catégorisation proposée pour comprendre modalités de transferts entre eux au sein de la pratique contemporaine, 3) Identifier les biais et potentiels des usages conjoints et disjoints de ces modélisations à travers leurs interactions afin d’améliorer et d’optimiser leurs utilisations respectives par les concepteurs.
Notre cadre théorique se fonde sur des catégorisations générales des modèles qui ont déjà fait l’objet de tentatives d’adaptation aux maquettes analogiques et numériques en architecture. Cette catégorisation constituera la grille d’analyse qui nous permettra d’étudier les itérations successives des modélisations de différents projets. Considérant que ces itérations permettent l’évaluation du projet par l’architecte et donc son évolution, notre approche méthodologique s’inscrit dans le comparatisme qualitatif et théorique proposée par l’analyse comparative quali-quantitative (qualitative Comparative Analysis – QCA). Nous identifierons les similitudes et différences entre les maquettes d’étude successives pour identifier la manière dont les caractéristiques de ces modèles (supports, objectifs, temporalités) influencent la modification du projet et la création du modèle suivant. Nous chercherons en particulier à isoler différents facteurs d’évaluation de la qualité des modélisations d’architecture qui se révéleraient – le cas échéant – spécifiques à la conception du projet à l’ère numérique.